
Traite à des fins d’exploitation sexuelle
Comment aider?
Aider une personne aux prises avec la traite repose sur la façon de l’accueillir. Ne pas être crue, être jugée ou blâmée pour quelque chose qu’elle a été forcée de faire pourrait l’amener à se taire. Pour bien soutenir une personne prise dans la traite, il est essentiel d’établir une relation de confiance.
L’approche féministe est un outil d’intervention clé lorsqu’il s’agit de soutenir une femme, une fille ou une personne de la diversité du genre aux prises avec la violence sous toutes ses formes et de faciliter une reprise de pouvoir. Dans cette perspective, il importe :
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de respecter le rythme de la personne
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de ne pas forcer un dévoilement
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de ne pas faire de choix pour elle
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de la croire
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de l’informer
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de la supporter dans ses choix
Voici quelques éléments qui vous permettront de mieux comprendre ce qu’elle a vécu et comment vous pouvez la soutenir.
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Femmes, filles et personnes two-spirit des Premières Nations, Métisses et InuitesLes études sur la traite des personnes concluent que la majorité des personnes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle au Canada sont des femmes, des personnes two-spirit et des enfants autochtones. Selon le rapport de l’Association des femmes autochtones du Canada, les causes profondes sont : l’impact du colonialisme sur les sociétés autochtones l’héritage des établissements résidentiels et leurs effets intergénérationnels dont la consommation de substances la violence familiale l’abus et les sévices dans l’enfance la précarité économique le sans-abrisme le manque des premières nécessités pour la survie la discrimination raciale et sexiste la migration Le racisme et la discrimination qui touchent les personnes autochtones font en sorte qu’elles ont moins accès à l’éducation et à l’emploi et que, par conséquent, elles sont plus souvent en situation de précarité économique et surreprésentées dans le milieu de l’exploitation sexuelle. Si les femmes, les filles et les personnes two-spirit autochtones tentent de se déplacer vers la ville, elles constatent qu’il y a peu d’occasions de trouver un emploi. De plus, elles sont criminalisées davantage à cause de leur implication dans la traite à des fins d’exploitation sexuelle, ce qui limite encore plus leur capacité d’accéder à l’emploi. (AFAC, 2014, et Enquête nationale, 2019)
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JeunesseQuoiqu’une personne puisse se retrouver dans la traite à des fins d’exploitation sexuelle à tout âge, les données recueillies au Canada permettent de déterminer que l’âge moyen d’entrée dans la traite se situe entre 14 et 15 ans. Selon le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes, 51 % des filles victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle étaient ou avaient été impliquées avec le système de protection de la jeunesse.
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Précarité économiqueQuoique les personnes de milieux mieux nantis ne soient pas à l’abri d’être enrôlées dans la traite, il est très commun que les victimes soient en situation de précarité économique : « La traite et l’exploitation dans le monde touchent le plus durement les groupes les plus appauvris; l’oppression, la discrimination systémique et la précarité économique sont des facteurs universels pour trouver les groupes surreprésentés dans la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle. » (AFAC, 2014). La vulnérabilité à l’exploitation augmente lorsqu’une femme, une fille ou une personne de la diversité de genre a peu de possibilités de subvenir à ses besoins ou à ceux de sa famille à cause d’un taux de chômage élevé, du manque d’instruction ou d’expérience, d’un statut précaire, de la non-reconnaissance de ses diplômes ou de la discrimination pour l’un ou l’autre de ces motifs.
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Personnes transgenres et de minorités sexuellesSelon des données publiées par le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes, les personnes transgenres et de minorités sexuelles sont exploitées à des taux plus élevés par rapport à leur part de la population canadienne (2 % des victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle sont des personnes trans ou non binaires, bien que les personnes trans ou non binaires déclarées constituent 0,24 % de la population canadienne). Les membres des minorités sexuelles et de genre (2SLGBTQIA+) sont aux prises avec des taux de violence à caractère sexuel et de dépossession économique qui sont supérieurs à ceux de la population hétérosexuelle et cisgenre. La discrimination et la marginalisation continues font en sorte qu’il est plus facile pour les trafiquants de cibler des membres de ces communautés.